Modifications de l’humeur

Description : les modifications de l’humeur induites par les corticoïdes sont habituellement mineures (ex: insomnie, anxiété ou irritabilité inhabituelles, troubles modérés de la mémoire, difficultés de concentration). Dans de rares cas, les troubles peuvent être plus sévères (ex: dépression, délires,  euphorie marquée).

Fréquence : les manifestations mineures sont fréquentes. A titre d’exemple, 40 à 50% des patients rapportent une insomnie, une irritabilité ou une anxiété.  Les troubles neuropsychiatriques sévères sont beaucoup plus rares et concerneraient moins de 5% des patients. Ces troubles doivent impérativement amener les patients (et/ou leur entourage) à solliciter un avis médical rapide.

Sujets à risque :  la dose reçue de corticoïdes prédispose à l’apparition de ces symptômes. Plus elle est élevée, plus le risque est grand. Par ailleurs, les hommes âgés seraient plus à risque de développer des épisodes délirants ou maniaques alors que les femmes seraient plus à risque de présenter des épisodes dépressifs. Des antécédents de maladie psychiatrique semblent également prédisposer les patients à une récidive de ces symptômes lors de la mise sous corticoïdes.

Traitements courts versus traitements prolongés : ces troubles peuvent apparaitre dès les tous premiers jours de traitement. Les corticothérapies courtes comme les corticothérapies prolongées sont donc à risque.

Prévention/traitement : La recherche de la dose minimale efficace de la corticothérapie est capitale pour prévenir l’apparition de ces symptômes, surtout chez les sujets les plus à risque. Si ces symptômes apparaissent, le médecin peut décider de diminuer les doses de la corticothérapie et/ou de prescrire un traitement adapté (ex : somnifère sur une courte période, traitement antidépresseur).

Réversibilité : ces troubles disparaissent lors de l’arrêt ou de la diminution de la corticothérapie. Attention néanmoins, quelques troubles peuvent également survenir à la fin du traitement, lorsque les doses sont très faibles ou que le traitement vient d’etre arrété. Il pourrait s’agir d’une sorte « d’adaptation » de l’organisme au manque de cortisone exogène. Ces troubles sont rares. Ils peuvent se manifester par une dépression ou un état un peu confusionnel. Une consultation médicale est recommandée pour éliminer une insuffisance surrénalienne associée.

à savoir
  • La meilleure des préventions est l’information. Vous devez être informé(e) que ces symptômes peuvent être induits par les corticoïdes et qu’ils ne sont pas forcément liés à votre maladie ou à une « fragilité psychologique ». Il est impératif que vous en parliez à votre médecin si vous souffrez de ces symptômes afin que toutes les mesures adaptées soient prises et ce dans les meilleurs délais.
  • Prévenez votre entourage proche que le traitement par corticoïdes peut induire des troubles de l’humeur tels qu’irritabilité, anxiété ou au contraire euphorie. Cela leur permettra de mieux comprendre vos sautes d’humeur inhabituelles et de vous emmener consulter un médecin si les troubles deviennent sévères.
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