Effets indésirables osseux

Description : les complications osseuses des corticoides sont principalement de 2 types :

Ostéoporose

  • l’ostéoporose (= fragilité de l’os) qui n’induit à un stade précoce aucun symptôme. A un stade plus avancé, l’ostéoporose augmente le risque de fracture, notamment des vertèbres (= tassement) ou des fémurs. Les fractures vertébrales peuvent survenir après un traumatisme ou spontanément. Elles se manifestent en général par une douleur persistante dans le dos, douleur souvent intense et soulagée par le repos.
  • l’ostéonécrose aseptique d’un os : elle consiste schématiquement en une dégénérescence puis en une destruction d’un os, l’os le plus fréquemment touché étant la tête du fémur. Elle se manifeste de façon variée et les symptômes ne sont pas très spécifiques (ils peuvent même être inexistants). Ces symptômes peuvent consister en une douleur brutale au niveau d’une hanche ou d’une cuisse mais le plus souvent il s’agit d’une douleur  d’installation progressive, survenant en position debout ou lors de la marche et s’atténuant au repos. Le tableau évolue vers une limitation des mouvements de la hanche et vers une boiterie. Le diagnostic est confirmé par la réalisation d’une radiographie ou d’une IRM.

Fréquence : la fréquence de l ‘ostéoporose varie en fonction de la dose et de la durée de la corticothérapie mais également de la maladie nécessitant la corticothérapie. Elle est par exemple fréquente au cours de la polyarthrite rhumatoïde et beaucoup plus rare au cours de l’asthme. Il en est de même pour l’ostéonécrose aseptique qui est par exemple rare au cours de l’asthme et de la polyarthrite rhumatoïde et plus fréquente au cours du lupus.

Sujets à risque : les femmes sont plus à risque d’ostéoporose ou d’ostéonécrose aseptique que les hommes. Le risque d’ostéoporose cortico-induite augmente également avec l’âge. Par ailleurs, certaines maladies prédisposent à ces complications osseuses. Enfin, le risque augmente avec la durée et la posologie de corticoïdes. Le risque d’ostéoporose est augmenté dès des faibles posologies de corticoïdes (de l’ordre de 5 mg/j).

Traitements courts versus traitements prolongés : l’ostéoporose commence à s’installer dès les tous premiers jours de la corticothérapie mais ne devient habituellement problématique que chez les patients traités au long cours. Le risque d’ostéonécrose aseptique est plus important chez les patients traités de façon prolongée mais des cas ont été rapportés après seulement quelques jours de traitement. 

Prévention/traitement : La prévention/traitement de l’ostéoporose comprend essentiellement des mesures hygiéno-diététiques (exercice physique, lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, maintien d’un poids normal, apport de vitamine D et de calcium) et parfois la prescription de médicaments tels que les biphosphonates. Chez la femme ménopausée, le traitement substitutif de la ménopause peut être bénéfique. Il n’existe pas de traitement préventif connu de l’ostéonécrose aseptique. Les autres facteurs de risque (alcool notamment) doivent être cependant évités. Le traitement curatif peut passer par la chirurgie ou par la mise en décharge (= repos au lit) prolongée.

Dépistage : un examen radiologique appelé ostéodensitométrie peut être prescrit avant une corticothérapie prolongée afin d’évaluer la solidité de l’os et d’envisager un traitement préventif de l’ostéoporose si besoin. Cet examen pourra être répété par la suite de façon régulière. Le diagnostic d’ostéonécrose aseptique peut être confirmé par la réalisation d’une radiographie ou d’une IRM.

Réversibilité : plusieurs études montrent que l’ostéoporose tend à s’améliorer au cours des mois qui suivent l’arrêt de la corticothérapie. Les lésions provoquées par une ostéonécrose aseptique sont elles irréversibles.

Bibliographie
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