Prise de poids / modifications de l’aspect physique
Description : les corticoïdes induisent fréquemment une prise de poids lorsqu’ils sont pris durant plusieurs semaines ou mois, bien qu’il faille bien veiller à différencier la prise de poids induite par la corticothérapie de la reprise des quelques kilos perdus en raison de votre maladie. Cette prise de poids est habituellement modérée, de l’ordre de 1 à 2 kilos. Par ailleurs, les corticoïdes modifient l’aspect physique avec apparition d’un arrondissement du visage (le visage « lunaire »), d’une bosse au niveau de la nuque (« bosse de bison ») ou d’une augmentation du tour de taille. Ces anomalies sont dues à une redistribution des cellules graisseuses dans l’organisme (appelée lipodystrophie) et pas à une rétention d’eau.
Fréquence : on estime qu’après deux à trois mois de traitement, 60% des patients vont présenter une modification significative de leur aspect physique. Il s’agit plus fréquemment d’une lipodystrophie (redistribution des graisses), plutôt que d’une réelle prise de poids. Seuls 10% des patients traités au long cours par cortisone verront leur poids franchement augmenter sous corticoïdes (augmentation de plus de 10% de leur poids « de forme »).
Sujets à risque : les femmes, les sujets les plus jeunes et les sujets en surpoids lors de l’initiation de la corticothérapie semblent les plus à risque. Par ailleurs, le risque augmente proportionnellement aux doses prescrites et pourrait augmenter dès des doses équivalentes à 10 mg par jour de Cortancyl® ou de Solupred®.
Traitements courts versus traitements prolongés : ces effets indésirables apparaissent précocement mais ne deviennent habituellement visibles et gênants qu’après plusieurs semaines de traitement. Ces effets indésirables ne sont habituellement pas problématiques au cours des corticothérapies courtes.
Prévention/traitement : l’alimentation semble jouer un rôle dans l’apparition de ces effets indésirables mais n’en est clairement pas la seule responsable. Il pourrait exister des facteurs génétiques prédisposants encore mal connus. Quoiqu’il en soit, il semble licite de recommander des apports caloriques limités sans cependant envisager de régime strict. De nombreux médecins pensent qu’une limitation des apports en glucides (ex: sucres rapides, pain) pourrait être bénéfique mais cela n’a jamais été démontré. La limitation des apports en sel ne semble pas justifiée pour prévenir la prise de poids et la lipodystrophie. Une fois que ces effets indésirables sont installés, on ne connait pas de traitement efficace qui permette de les faire régresser (mais un régime alimentaire adapté et la pratique d’un exercice physique réguliers ne peuvent être que recommandés).
Réversibilité : ces effets indésirables sont réversibles à l’arrêt de la corticothérapie. La lipodystrophie pourrait même commencer à disparaitre dès que les doses de corticoïdes sont < 10 mg/j.
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- Fardet L et col. Histoire naturelle de la lipodystrophy cervico-faciale cortico-induite: suivi prospectif de 37 patients. Rev Med Interne. 2007
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- Fardet L et col. Corticothérapie systémique et alimentation : suivi des recommandations diététiques et relation entre apports alimentaires et apparition d’une lipodystrophie. Rev Med Interne. 2007
- Fardet L et col. Long term systemic glucocorticoid therapy and weight gain: a population-based cohort study. Rheumatology 2021